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Plan fixe. Intérieur nuit. La vidéo montre une quinzaine d’hommes encagoulés, tous vêtus de noir. Ils font bloc autour de leur leader, posté derrière un autel de fortune recouvert d’un drap blanc floqué de leur label en lettres capitales : « DZ MAFIA ». Quand l’homme dressé au milieu de l’assemblée prend la parole, d’une voix caverneuse trafiquée par ordinateur, il ne s’agit pas d’invoquer une messe noire ou de proférer une quelconque menace. Le groupe se filme ici pour dénoncer une usurpation de sa « marque ».
Dans cette conférence de presse déroutante, diffusée sur les réseaux sociaux mercredi 9 octobre, le groupe criminel marseillais conteste avoir mandaté l’adolescent de 14 ans qui a tué, le 4 octobre à Marseille, un chauffeur de VTC, énième victime collatérale du narcobanditisme. Son commanditaire, détenu à la prison d’Aix-Luynes (Bouches-du-Rhône), avait pourtant revendiqué son appartenance à la DZ Mafia. « Nous avons assez d’hommes, de véhicules, de moyens pour agir si nous en étions obligés », affirme l’homme qui parle sur la vidéo, soucieux de restaurer l’image écornée de son organisation criminelle.
Exalté par ce décorum rappelant les revendications d’organisations clandestines, ce discours n’assoit pas la puissance d’un clan hiérarchisé installé de longue date, mais il met en lumière l’inquiétante montée en puissance éclair d’une entreprise criminelle à visée hégémonique. La première fois que la « marque » DZ Mafia, apparaît aux yeux des enquêteurs, c’était à peine un an et demi plus tôt – déjà sur une publication partagée sur les réseaux sociaux. Pas question alors de se dédouaner de l’usage de la violence. En mars 2023, ce sont les images de l’incendie du corps d’une victime tuée à la Busserine, une cité du 14e arrondissement de Marseille, qui sont accompagnées de la dénomination DZ Mafia. DZ comme Dzayir, « Algérie » en arabe.
Si la DZ Mafia s’est fait connaître d’un large public avec le meurtre du chauffeur de VTC, suivi de cette conférence de presse énigmatique, les Marseillais, tout au long de 2023, en ont entendu parler presque chaque semaine, au rythme des 49 narchomicides commis cette année-là, dont plus de 80 % sont attribués à la « DZ ». Nombreux ont été perpétrés par de jeunes recrues, enrôlées par le biais du réseau social Snapchat, des mercenaires parfois issus de familles bourgeoises. A l’image d’un autre garçon recruté pour jouer le rôle de chauffeur. Trois ou quatre assassinats plus tard, il décide de quitter le gang car « ça commence à faire beaucoup de morts ». Surtout, explique-t-il en garde à vue en août 2023, il a atteint la somme qu’il s’était fixée : 20 000 euros. « Avec les sous, j’ai acheté la voiture et des habits. »
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